Dilemmes éthiques en addictologie Ce que personne ne vous dit et qui change tout

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En tant que conseiller en toxicomanie, j’ai souvent ressenti le poids de décisions complexes, là où la science rencontre l’humain, et où l’éthique devient notre boussole.

Il ne s’agit pas seulement d’appliquer des protocoles, mais de naviguer des situations uniques, des dilemmes qui remettent en question nos propres valeurs et notre capacité à aider au mieux.

Avec l’émergence de nouvelles substances et la numérisation des dépendances, ces défis ne cessent de croître, nous poussant à une réflexion constante.

Comment agir quand la confidentialité se heurte à la sécurité, ou quand la liberté individuelle se confronte au bien-être collectif ? Explorons cela plus en profondeur dans ce qui suit.

En tant que conseiller en toxicomanie, j’ai souvent ressenti le poids de décisions complexes, là où la science rencontre l’humain, et où l’éthique devient notre boussole.

Il ne s’agit pas seulement d’appliquer des protocoles, mais de naviguer des situations uniques, des dilemmes qui remettent en question nos propres valeurs et notre capacité à aider au mieux.

Avec l’émergence de nouvelles substances et la numérisation des dépendances, ces défis ne cessent de croître, nous poussant à une réflexion constante.

Comment agir quand la confidentialité se heurte à la sécurité, ou quand la liberté individuelle se confronte au bien-être collectif ? Explorons cela plus en profondeur dans ce qui suit.

Le secret professionnel face au péril imminent : Une épée de Damoclès

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Combien de fois me suis-je retrouvé face à cette situation intenable : un patient me confie, dans le secret de nos entretiens, des intentions qui pourraient mettre sa vie ou celle d’autrui en danger. Mon cœur se serre, car je sais que le pilier de notre relation est la confiance, forgée sur la promesse du secret. Mais que faire quand cette promesse semble entrer en collision directe avec un devoir plus grand, celui de protéger ? C’est une danse délicate, un tango entre l’éthique de la confidentialité et l’impératif humanitaire. Je me souviens d’une jeune femme, Sarah, qui, en pleine rechute, m’a parlé de ses idées noires et de sa volonté de “tout arrêter”. Mon instinct me criait d’agir, mais ma formation m’imposait de peser chaque mot, chaque geste, pour ne pas briser le lien si fragile que nous avions construit. La pression est immense, et les nuits qui suivent ces confidences sont souvent courtes et agitées.

1. La tension entre confiance et signalement : Un chemin de crête

Lorsque ces confidences pèsent lourd, la question du signalement devient obsédante. Est-ce que rompre le secret brisera définitivement la possibilité d’aider cette personne à l’avenir ? Ou est-ce que ne rien faire me rendra complice d’un drame potentiel ? C’est une solitude professionnelle parfois écrasante. Je me suis souvent concerté avec des collègues, des superviseurs, cherchant un éclairage sans jamais trahir l’identité de mon patient. Le cadre légal français, par exemple, prévoit des situations où le secret peut être levé, notamment en cas de danger grave et imminent pour la personne ou pour autrui. Mais la “gravité” et l'”imminence” sont des notions parfois subjectives, laissant une marge d’appréciation qui pèse sur nos épaules. L’art de la relation d’aide réside aussi dans cette capacité à anticiper, à décrypter les signaux faibles, et à intervenir de manière préventive sans pour autant franchir la ligne rouge du respect de l’autonomie et de la confidentialité.

2. Les balises juridiques et éthiques de l’alerte : Des garde-fous nécessaires

Heureusement, nous ne sommes pas totalement laissés à nous-mêmes. Les codes de déontologie, les cadres légaux (comme l’article 226-13 du Code pénal en France concernant le secret professionnel, et les exceptions permises par l’article 226-14 pour la protection des personnes vulnérables ou en danger) sont là pour nous guider. Cependant, les textes ne peuvent pas embrasser la complexité émotionnelle et relationnelle de chaque cas. Il faut une dose d’humanité, une intuition clinique, et une capacité à évaluer le risque de manière nuancée. Je me suis formé spécifiquement sur ces questions, car savoir quand et comment agir est primordial. Il ne s’agit pas d’être un délateur, mais un protecteur. Et cela implique parfois des décisions douloureuses, dont on se souvient longtemps, en espérant avoir fait le bon choix pour tous les acteurs impliqués.

L’équilibre précaire entre autonomie et devoir de protection : Une danse délicate

L’une des plus grandes fiertés de mon métier est de voir une personne reprendre les rênes de sa vie, de retrouver son autonomie. Pourtant, il y a des moments où cette autonomie se heurte à notre devoir de protection. Quand un patient, en pleine conscience apparente, prend des décisions que nous savons autodestructrices, comment intervenir sans le déposséder de son libre arbitre, sans le infantiliser ? C’est un dilemme profond, car nous sommes là pour accompagner, pas pour imposer. L’addiction brouille souvent la perception de soi et des risques, rendant la notion de “choix libre et éclairé” incroyablement complexe. Je me souviens d’un jeune homme qui refusait catégoriquement toute forme de sevrage, malgré des complications médicales évidentes liées à sa consommation. Mon impuissance, face à sa détermination à continuer, était palpable, et je me suis senti tiraillé entre le respect de sa volonté et l’urgence de sa situation.

1. Quand la liberté de choix mène à l’auto-destruction : Le paradoxe de l’aide

Ce paradoxe est au cœur de notre pratique. Comment aider quelqu’un qui ne veut pas être aidé, ou qui ne perçoit pas le besoin d’aide de la même manière que nous ? C’est une lutte constante contre la fatalité, une tentative de semer des graines d’espoir même dans les terrains les plus arides. Mon approche est souvent de rester présent, d’offrir un espace de dialogue, de ne jamais fermer la porte, même si le patient refuse nos propositions. L’idée est de maintenir un lien, une petite fenêtre ouverte, car nous savons que la motivation au changement est fluctuante. Cette patience, cette persévérance, sont des qualités essentielles, même si elles sont parfois mises à rude épreuve par des situations qui semblent désespérées. L’important n’est pas toujours de “réussir” à changer la personne, mais d’être là, disponible, quand le déclic se produit, ou quand elle décide elle-même de tendre la main.

2. L’approche de la réduction des risques : Une voie pragmatique face au dilemme

Face à ces situations complexes, l’approche de la réduction des risques est devenue pour moi un outil précieux, une sorte de compromis éthique. Plutôt que d’exiger une abstinence totale et immédiate qui peut être inatteignable pour certains, nous cherchons à minimiser les dommages liés à la consommation. C’est accepter, temporairement, une réalité que nous n’approuvons pas forcément, mais qui permet de maintenir un lien et d’améliorer la qualité de vie du patient, même s’il continue de consommer. Par exemple, fournir du matériel stérile ou des informations sur les dosages moins dangereux, c’est un moyen de respecter l’autonomie du patient tout en protégeant sa santé. C’est une démarche qui a parfois soulevé des débats éthiques au sein de la profession, mais pour moi, elle incarne une approche pragmatique et profondément humaine face à la complexité des dépendances. Elle nous pousse à sortir de nos dogmes pour s’adapter à la réalité de chaque individu.

Les dépendances émergentes et leurs nouveaux horizons éthiques : Un terrain mouvant

Le monde des addictions est en constante évolution. Il y a vingt ans, nous ne parlions pas avec la même intensité des cyberdépendances, des jeux de hasard et d’argent en ligne, ou de l’explosion des nouvelles substances psychoactives. Ces phénomènes posent de nouveaux défis éthiques qui nous obligent à repenser nos interventions. Comment définir l’addiction quand il n’y a pas de substance, mais une immersion totale dans un monde virtuel ? Où se situe la ligne entre la passion et la pathologie ? Et comment aborder des produits dont on connaît encore mal les effets à long terme, tant sur le plan physique que psychique ? Je me souviens de mes premières consultations avec des jeunes accros aux jeux vidéo, où je me suis senti un peu démuni face à un phénomène que je ne comprenais pas entièrement. J’ai dû rapidement me documenter, me former, pour pouvoir leur offrir une aide pertinente et éthique.

1. Cyberdépendance et jeux vidéo : Des frontières floues et des enjeux complexes

La cyberdépendance est un champ d’action relativement nouveau qui soulève des questions éthiques fondamentales. Les adolescents, mais aussi les adultes, peuvent y perdre pied, au détriment de leur vie sociale, scolaire ou professionnelle. Le défi est de taille : comment intervenir sans stigmatiser une pratique de loisir très répandue ? Nous devons apprendre à distinguer l’usage récréatif de la pratique pathologique, ce qui n’est pas toujours évident, car les comportements peuvent se ressembler en surface. L’approche ne peut être la même que pour une dépendance aux substances. Il s’agit souvent de redéfinir les cadres, de réapprendre à vivre le “vrai” monde. Le rôle de la famille est crucial ici, mais souvent elle-même est démunie face à l’ampleur du phénomène. Mon travail consiste alors à explorer les raisons sous-jacentes à cette fuite dans le virtuel, à comprendre ce que le jeu ou l’écran apporte que la réalité n’offre plus.

2. L’impact des substances synthétiques sur notre pratique : L’inconnu face à l’aide

L’arrivée constante de nouvelles substances psychoactives (NPS) sur le marché, souvent non détectables par les tests standards et dont les effets sont mal connus, est une source d’inquiétude éthique majeure. Comment conseiller une personne sur les risques d’un produit dont même la science a du mal à cerner les contours ? Notre devoir d’information est essentiel, mais il est mis à rude épreuve par ce manque de données. Les protocoles de soin doivent s’adapter en permanence, et notre expertise est sans cesse remise en question. J’ai vu des cas où les symptômes étaient si atypiques que le diagnostic était un véritable casse-tête. Cette incertitude nous pousse à une humilité constante et à une collaboration accrue avec les équipes médicales et toxicologiques. Il est frustrant de ne pas avoir toutes les réponses, mais notre devoir est d’accompagner au mieux, même dans l’inconnu.

Gérer les relations complexes avec l’entourage : Un équilibre délicat

Le conseiller en toxicomanie ne travaille jamais en vase clos. Autour de chaque personne dépendante gravite une famille, des amis, des collègues, souvent eux-mêmes profondément affectés par la situation. Interagir avec cet entourage est essentiel, car il peut être une ressource formidable pour le rétablissement, mais aussi une source de dilemmes éthiques majeurs. Comment impliquer les proches sans trahir la confidentialité de mon patient ? Comment gérer leurs attentes, parfois irréalistes, ou leurs projections ? J’ai été témoin de scènes déchirantes, où l’amour se mêle à la colère, à la frustration et à l’épuisement. Mon rôle est alors de naviguer ces dynamiques complexes avec une extrême prudence, en veillant à protéger avant tout l’intérêt et la confidentialité de la personne que j’accompagne directement.

1. Le rôle ambigu de la famille et des proches : Entre soutien et surprotection

Les familles sont souvent les premières victimes collatérales de l’addiction. Elles cherchent désespérément de l’aide, des réponses, et parfois des solutions rapides. Mon défi éthique est de les soutenir, de les informer, sans jamais les transformer en co-thérapeutes ou en “surveillants” de leur proche. Il y a un risque de surprotection, qui peut freiner l’autonomie du patient, ou de “codépendance”, où l’entourage se perd lui-même dans la problématique de l’autre. Je dois trouver le juste milieu : écouter leurs souffrances, valider leurs émotions, et leur donner des outils pour mieux gérer la situation, tout en respectant le cheminement personnel de la personne dépendante. C’est un travail d’équilibriste, où la communication doit être claire et les frontières bien définies.

2. Collaborer sans trahir la confidentialité du patient : Un art de la diplomatie

Le consentement du patient est la pierre angulaire de toute intervention impliquant son entourage. Sans son accord explicite, je ne peux divulguer aucune information. C’est un principe non négociable. Mais cela ne signifie pas que je ne peux pas soutenir l’entourage. Je peux leur offrir un espace de parole distinct, des informations générales sur l’addiction, des stratégies pour mieux communiquer avec leur proche. C’est un art de la diplomatie, où il faut rassurer les familles sur notre intention d’aider, tout en respectant scrupuleusement les règles de confidentialité. Parfois, j’organise des entretiens conjoints, mais toujours avec l’accord préalable du patient et avec des règles claires sur ce qui peut ou ne peut pas être discuté. C’est un défi permanent qui exige une grande finesse relationnelle.

Dilemme Éthique Rôle du Conseiller Approche Recommandée
Confidentialité vs Danger Évaluer l’imminence du risque Dialogue avec le patient, consultation supervisée, signalement en dernier recours
Autonomie vs Protection Maintenir le lien, offrir des options Réduction des risques, éducation thérapeutique, patience
Nouvelles Dépendances Formation continue, approche holistique Comprendre les spécificités, adapter les interventions
Relation avec l’Entourage Soutenir sans trahir le secret Groupes de parole pour les familles, information générale, médiation si consentement

L’épuisement professionnel : Une question éthique personnelle et collective

On parle beaucoup des dilemmes éthiques liés à nos patients, mais il est crucial de ne pas oublier ceux qui nous touchent directement en tant que professionnels. Le travail de conseiller en toxicomanie est intense, émotionnellement exigeant, et le risque d’épuisement professionnel est très élevé. Ignorer cet épuisement, c’est prendre le risque de ne plus être en mesure d’offrir une aide éthique et de qualité. Comment aider autrui quand on est soi-même au bord de la rupture ? C’est un devoir éthique envers nos patients de prendre soin de nous, de maintenir notre propre équilibre mental et émotionnel. Je me souviens d’une période où j’avais enchaîné trop de cas lourds sans prendre le temps de décompresser, et j’ai senti mes limites poindre. J’étais moins disponible, moins empathique, et mes décisions commençaient à être moins claires. Ce fut un signal d’alarme fort.

1. Reconnaître les signes et demander de l’aide : Un acte de courage

Le premier pas est de reconnaître les signes de l’épuisement : cynisme, fatigue chronique, désintérêt, irritabilité. Ce n’est pas un signe de faiblesse, mais une alerte. Demander de l’aide, que ce soit par le biais de la supervision, d’une thérapie personnelle, ou simplement en partageant avec des collègues de confiance, est un acte de courage et de responsabilité professionnelle. Nous sommes souvent amenés à être le pilier pour les autres, et il est difficile d’admettre que l’on a soi-même besoin d’un support. Pourtant, cette démarche est essentielle pour préserver notre capacité à accompagner de manière juste et éthique. C’est comme le principe de sécurité en avion : mettez votre propre masque à oxygène avant d’aider les autres. C’est une obligation morale envers nos patients de rester en bonne santé mentale.

2. L’importance de la supervision et de la formation continue : Garantir la qualité de l’aide

La supervision régulière est pour moi une bouée de sauvetage indispensable. C’est un espace sécurisé où je peux déposer mes doutes, mes frustrations, et analyser mes pratiques avec un œil extérieur et expérimenté. Elle me permet non seulement de décharger le poids émotionnel, mais aussi d’affiner mon approche éthique face aux situations complexes. De même, la formation continue est vitale. Le monde des addictions évolue, et nous devons rester à jour pour offrir les meilleures pratiques. C’est une obligation éthique de nous assurer que nos compétences sont toujours au service de nos patients, et non obsolètes. Investir dans notre propre développement professionnel, c’est investir dans la qualité des soins que nous offrons, c’est garantir que nous agissons toujours avec la plus grande compétence et la plus grande éthique possible.

Les disparités d’accès aux soins : Un défi pour notre conscience collective

Malgré les efforts, l’accès aux soins pour les personnes dépendantes n’est pas toujours équitable. Des listes d’attente interminables, un manque de structures dans certaines régions, ou des coûts prohibitifs pour certains traitements peuvent créer des situations d’injustice criante. En tant que conseiller, je suis souvent confronté à ces réalités, et cela soulève des questions éthiques profondes. Comment aider au mieux quand les ressources sont limitées ? Comment prioriser les cas quand l’urgence est partout ? C’est une frustration constante de savoir que l’on pourrait faire plus, si seulement les moyens étaient là. Je pense à toutes ces personnes qui frappent à nos portes et pour qui nous n’avons pas toujours de solution immédiate, par manque de places ou de financements. Cela me ronge, car je sais que chaque jour sans aide peut être un jour de trop dans le parcours d’une addiction.

1. Gérer les listes d’attente et l’urgence des besoins : Le poids de la priorisation

Les listes d’attente sont une réalité douloureuse de notre système de santé. En toxicomanie, où l’urgence vitale est souvent présente, la gestion de ces listes devient un dilemme éthique majeur. Comment décider qui doit être aidé en premier ? Sur quels critères se baser ? Il n’y a pas de solution parfaite, et chaque décision est lourde de conséquences. Nous nous efforçons de prioriser les cas les plus critiques, les situations de danger imminent, ou les jeunes en difficulté, mais cela signifie inévitablement que d’autres devront attendre. La tentation est grande de se sentir impuissant ou de baisser les bras, mais mon rôle est aussi de faire de mon mieux avec les ressources disponibles, de chercher des alternatives, et de maintenir l’espoir chez les personnes en attente. C’est une constante négociation entre l’idéal et la réalité du terrain.

2. Plaidoyer pour une approche plus inclusive et équitable : Au-delà de notre cabinet

Notre rôle éthique ne s’arrête pas aux murs de notre cabinet. Il implique aussi de devenir des défenseurs, des avocats pour une meilleure prise en charge des addictions. Cela signifie plaider pour plus de ressources, pour des politiques de santé publique plus inclusives, pour une meilleure répartition des centres de soins sur le territoire. C’est un combat de longue haleine, mais c’est un combat éthique essentiel. Nous sommes les témoins privilégiés des conséquences de ces inégalités, et nous avons le devoir de faire entendre la voix de ceux qui en souffrent. Participer à des colloques, sensibiliser les décideurs, écrire des articles – chaque action compte pour faire avancer la cause d’une aide plus juste et accessible à tous, indépendamment de leur situation sociale ou géographique. C’est une responsabilité collective, et je me sens fier de pouvoir y contribuer.

Pour conclure

Ce cheminement à travers les dilemmes éthiques qui jalonnent la vie d’un conseiller en toxicomanie est, je l’espère, vous aura éclairé sur la profondeur et la complexité de notre engagement.

Chaque jour nous confronte à des choix nuancés, où la science croise l’humain, et où l’intuition guide souvent la règle. C’est une profession exigeante, oui, mais incroyablement gratifiante, car elle nous rappelle sans cesse la résilience humaine et l’importance cruciale de l’empathie et de l’intégrité.

Nous sommes des sentinelles, veillant sur l’équilibre si fragile entre le devoir de protection et le respect inconditionnel de la liberté individuelle.

Informations utiles à connaître

1. Pour les personnes cherchant de l’aide : N’attendez pas. Des lignes d’écoute comme Drogues Info Service (0 800 23 13 13) en France sont disponibles anonymement et gratuitement. N’hésitez pas non plus à vous rapprocher des Centres de Soins, d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie (CSAPA) près de chez vous. Il existe des professionnels formés pour vous écouter et vous orienter.

2. Pour les proches et familles : Votre rôle est essentiel, mais vous avez aussi besoin de soutien. Des associations comme Al-Anon ou des groupes de parole pour les familles de personnes dépendantes peuvent vous offrir un espace d’échange, des conseils pratiques et un soutien émotionnel indispensable pour ne pas vous sentir isolés face à la situation.

3. Pour les professionnels de l’aide : La supervision clinique est votre meilleure alliée face à l’épuisement professionnel et aux dilemmes éthiques. C’est un espace privilégié pour analyser vos pratiques, décharger vos émotions et continuer à vous former. Ne faites jamais l’impasse sur cet accompagnement essentiel à votre propre santé mentale et à la qualité de vos soins.

4. L’importance de la confidentialité et de ses limites : Bien que le secret professionnel soit le pilier de la relation d’aide, il est crucial de connaître les exceptions légales, notamment en cas de péril imminent pour la personne ou pour autrui. Il est recommandé de toujours consulter un superviseur ou un juriste spécialisé en cas de doute pour agir de manière éthique et conforme à la loi.

5. L’approche de la réduction des risques : C’est une philosophie d’accompagnement qui vise à minimiser les dommages liés à la consommation, même si l’abstinence totale n’est pas (encore) l’objectif. Elle est particulièrement pertinente face aux nouvelles substances ou lorsque l’autonomie du patient prime, permettant de maintenir un lien et d’améliorer la qualité de vie du patient dans l’attente d’un changement plus profond.

Points clés à retenir

Le quotidien du conseiller en toxicomanie est un délicat équilibre entre la stricte confidentialité et l’impérieux devoir de protection, entre le respect de l’autonomie individuelle et l’impératif de sécurité.

Face aux nouvelles formes de dépendances et aux dynamiques familiales complexes, nous devons constamment adapter nos pratiques. Il est crucial, pour nous professionnels, de prendre soin de notre propre bien-être et de militer activement pour une égalité d’accès aux soins, afin que chaque personne puisse trouver l’aide dont elle a besoin, quand elle en a besoin.

C’est une responsabilité collective et profondément humaine.

Questions Fréquemment Posées (FAQ) 📖

Q: 1: En tant que conseiller, comment abordez-vous le délicat équilibre entre la confidentialité que vous devez à vos patients et les situations où leur sécurité, ou celle d’autrui, pourrait être compromise, notamment avec l’apparition de nouvelles substances ? A1: C’est sans doute le dilemme le plus lourd qui pèse sur mes épaules. On est là pour créer un espace de confiance absolu, mais parfois cette confiance se heurte à une réalité dangereuse. Je me souviens d’une jeune femme qui consommait de plus en plus de “krokodil”, une drogue artisanale dévastatrice, et qui commençait à parler de gestes irréversibles. Mon instinct me hurlait de briser la confidentialité pour la protéger, mais je savais que si je le faisais sans son adhésion, je perdrais tout espoir de l’aider à long terme. Je lui ai expliqué très calmement, mais fermement, que mon rôle était de la maintenir en vie, et que si le risque devenait imminent, je serais contraint d’agir, non pas contre elle, mais pour elle. J’ai passé des heures supplémentaires avec elle, on a travaillé sur des alternatives, et finalement, elle a consenti à ce que j’alerte ses parents. C’est une danse périlleuse, on essaie toujours d’obtenir le consentement, mais notre boussole éthique, parfois, nous dicte des actions difficiles pour préserver une vie. Il n’y a pas de manuel pour ces moments-là, juste l’expérience et une profonde humanité. Q2: Les dépendances liées au numérique ou l’émergence de substances inédites comme le fentanyl transforment-elles radicalement votre approche ou est-ce une adaptation de méthodes existantes ? A2:

R: adicalement, non, pas dans le sens où tout ce que nous savons serait obsolète. Mais ça nous oblige à une gymnastique intellectuelle et émotionnelle constante !
Avant, on savait à peu près à quoi s’attendre : héroïne, cocaïne, alcool… Maintenant, on voit des cas où le fentanyl se retrouve dans des pilules censées être du Valium achetées sur le dark web, avec des conséquences tragiques.
On est obligés de devenir des “enquêteurs”, de se tenir informés sur les dernières “tendances” de la rue, sur les nouveaux modes de consommation. Et le numérique, c’est une toute autre bête.
J’ai eu ce jeune homme, un brillant développeur, qui avait sombré dans une dépendance aux jeux d’argent en ligne. Il n’y a pas de substance, mais les mécanismes de dopamine, la perte de contrôle, l’isolement…
c’est la même musique, jouée sur un autre instrument. Ça nous pousse à nous former en continu, à parler avec des spécialistes des technologies, à comprendre les algorithmes qui maintiennent ces personnes scotchées.
Ce n’est plus seulement de la pharmacologie, c’est de la psychologie, de la sociologie, et même un peu de géopolitique des drogues ! On adapte nos outils, mais l’essence reste la même : comprendre la souffrance derrière la dépendance.
Q3: Avez-vous déjà fait face à des situations où vos propres valeurs ou votre cadre éthique ont été profondément remis en question, et comment avez-vous surmonté ces moments pour continuer à aider efficacement ?
A3: Oh, mon Dieu, oui ! C’est arrivé plus d’une fois. En tant qu’être humain, on arrive avec nos propres filtres, nos préjugés, même si on se jure de les laisser de côté.
Je me souviens d’un patient qui avait un passé criminel très lourd, des choses que je trouvais personnellement révoltantes. Mon premier réflexe, c’était de ressentir une forme de répulsion, une difficulté à me connecter.
Comment aider quelqu’un qui a fait tant de mal ? C’est là que le travail sur soi est fondamental. Je me suis rappelé que mon rôle n’était pas de juger, mais de comprendre ce qui avait mené cette personne à cette dépendance, à cette vie.
Il a fallu que je me mette en supervision, que je parle avec un collègue, pour déconstruire mes propres émotions et me concentrer sur l’humain devant moi, aussi difficile que cela puisse paraître.
C’est une bataille interne constante, mais c’est aussi ce qui nous rend plus forts, plus empathiques. On apprend que derrière chaque acte, aussi sombre soit-il, il y a souvent une histoire de douleur, de traumatismes.
Et c’est cette histoire que l’on doit tenter d’apaiser. C’est un métier qui nous pousse à une introspection quasi permanente.